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Le Poka Yoke du subwoofer

Il y a quelques semaines, une amie m’a demandé de réparer son subwoofer qui ne fonctionnait soudainement plus. En démontant l’appareil, j’ai déconnecté le haut-parleur sans faire particulièrement attention.
Mince ! Dans quel sens effectuer le branchement ? Je n’en savais rien. C’est embêtant, car le sens est important. Branché à l’envers, l’écoute peut être déroutante, même voire désagréable.

Sauvé par le Poka Yoke

Heureusement, les concepteurs de cet appareil avaient déjà prévu le problème, et sa solution : ils ont intégré un Poka Yoke. Mais qu’est-ce que c’est ?
En japonais, le terme Poka Yoke fait référence à un détrompeur ; une manière de concevoir les pièces qui empêche une erreur d’assemblage ou d’utilisation. Il est alors tous simplement impossible de se tromper.
Voilà à quoi ressemble le détrompeur dans le cas du haut-parleur :

Poka Yoke pour la connexion d'un haut-parleur.

Les deux connecteurs ont des tailles différentes. Il est impossible de monter la petite fourche sur le grand réceptacle.
Est-ce qu’on peut quand même monter la grande fourche sur le petit réceptacle ? Idéalement non. Mais même si on y parvenait, on se rendrait vite compte du problème en essayant de réaliser la deuxième connexion.

Avec ce détrompeur, on a facilement atteint plusieurs objectifs :

  • Cette erreur est évidente et vite détectée.
  • Les besoins d’instruction et de formation du personnel sont fortement réduits.
  • Il n’est pas nécessaire de tester si le montage est correct. Ce serait possible, mais assez compliquer à réaliser. (Mesure de la pression, etc…)
  • Il n’y a aucun risque de devoir démonter à nouveau l’appareil pour corriger cette erreur.
  • Les tests de fonctionnement peuvent être limités aux composants individuels (amplificateur, haut-parleur).
  • L’erreur reste impossible même lors du service après-vente, par exemple lors du remplacement d’un des composants. C’était justement mon cas !

Penser aux Poka Yoke dès la conception

Il faut incorporer les détrompeurs au design des pièces dès la conception. Par expérience, il est beaucoup plus compliqué, contraignant et couteux de les ajouter sur des appareils déjà industrialisés. Parfois c’est même impossible.
Si vous faites des AMDEC (en anglais : FMEA), alors l’incorporation de détrompeurs découlera naturellement des analyses. Dans le cas du haut-parleur, on aurait pu noter que les défaillances suivantes étaient probables :

  • Conception : « Mauvais contact électrique entre amplificateur et haut-parleur. » → utiliser des connecteurs éprouvés.
  • Conception : « Haut-parleur branché dans le mauvais sens. » → coder le branchement entre amplificateur et haut-parleur.
  • Processus : « Haut-parleur branché à l’envers. » → empêcher le branchement à l’envers
  • Processus : « Le branchement du haut-parleur ne tient pas, ou mal. » → utiliser des connecteurs avec verrouillage.

On voit que les thématiques peuvent apparaître aussi bien au niveau de la conception que du processus d’assemblage, sous des perspectives différentes. L’important, c’est d’identifier, anticiper et écarter ces problématiques.

Pour aller plus loin : le cas de l’amplificateur

Pendant l’assemblage de l’amplificateur, on risque bien de faire une erreur similaire : monter le câble du haut-parleur à l’envers. Cela aurait les mêmes conséquences désagréables pour l’utilisateur !

Il y a plusieurs possibilités de commettre une erreur :

  • Souder le câble sur la platine dans le mauvais trou.
  • Sertir le mauvais connecteur sur un câble.
Câble de connexion du haut-parleur.

Mécaniquement, rien n’empêche de commettre ces erreurs. Ajouter un détrompeur est peu pratique. Tout au plus, on pourrait choisir des diamètres différents pour les câbles, et adapter en conséquence le trou dans la platine et un des deux connecteurs. Visiblement, les concepteurs de ce subwoofer n’ont pas retenu cette solution.

On voit que les câbles ont des couleurs différentes et que la platine indique où va quoi : inscription « RED » pour le câble rouge. Cela aide, mais ne prévient pas l’erreur ! Il ne s’agit donc pas d’un vrai détrompeur.

Voici quelques propositions pour diminuer les risques au niveau du processus d’assemblage :

  • Confectionner les câbles bleus et rouges séparément, pour éviter de confondre les connecteurs.
  • Avoir une personne qui soude uniquement les câbles d’une couleur. Une deuxième personne soude uniquement les câbles de l’autre couleur. Ainsi, si la première personne fait une erreur, la seconde va le remarquer.
  • Tester systématiquement chaque amplificateur. Le test de la polarité est ici assez simple à réaliser. On peut aussi reprendre la couleur de chaque câble sur la machine de test, afin qu’une erreur de couleur saute aux yeux.

Mise en pratique

En conclusion, voici les points les plus importants à retenir :

  • Empêcher les erreurs en les rendant impossibles. Incorporer des détrompeurs : des Poka Yoke.
  • Penser aux détrompeurs dès la phase de conception. Par exemple en réalisant des AMDEC.
  • Faire la distinction entre vrais et faux détrompeurs. Un vrai détrompeur empêche complètement de commettre une erreur.

Questions :

  • Quels détrompeurs connaissez-vous ou utilisez-vous ?
  • Est-ce qu’ils fonctionnent bien ? L’erreur a toujours pu être évitée ?
  • Quels sont les endroits où on commet des erreurs et où on pourrait ajouter des détrompeurs ?
  • La mise en place de détrompeurs est-elle prise en compte lors de la conception de nouveaux designs et processus ? Si non, pourquoi ?
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